Vous avez lancé votre boutique en dropshipping avec Shopify et les premières ventes arrivent. Bonne nouvelle. Mais avez-vous pensé à la fiscalité ? TVA, statut juridique, déclarations de revenus : difficile de s’y retrouver entre les règles françaises et les particularités du commerce en ligne.
La fiscalité peut sembler complexe, surtout quand vos fournisseurs sont basés à l’étranger et que vos clients se trouvent un peu partout dans le monde. Pourtant, comprendre vos obligations dès le départ est essentiel pour éviter les mauvaises surprises et développer votre activité sereinement.
Dans cet article, découvrez tout ce que vous devez savoir pour être en règle, éviter les pièges les plus courants et optimiser votre gestion fiscale, que vous soyez débutant ou déjà bien lancé.
Petit rappel : le dropshipping, c’est quoi ?
Le dropshipping est un modèle e-commerce où vous vendez des produits sans gérer de stock. Lorsqu’un client passe commande sur votre boutique, vous transmettez cette commande à un fournisseur tiers qui expédie directement le produit. Par contre, vous vous occupez du marketing, du service client… et de toute la partie fiscale !
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Quel statut choisir pour faire du dropshipping en France ?
Avant même de penser à TVA ou déclaration de revenus, il faut choisir un statut juridique adapté. En dropshipping, la plupart des e-commerçants débutent en micro-entreprise : simple à créer, rapide à gérer. Mais est-ce toujours la meilleure option ?
Micro-entrepreneur : un bon point de départ
La micro-entreprise (ou auto-entrepreneur) séduit par sa simplicité. Vous bénéficiez :
- D’un régime fiscal allégé (versement libératoire ou impôt sur le revenu),
- De charges sociales calculées en pourcentage de votre chiffre d’affaires,
- D’une comptabilité ultra-légère (pas de bilan annuel, pas de TVA jusqu’à un certain seuil).
Mais attention : ce statut présente rapidement des limites si vous visez une croissance rapide ou un volume de ventes élevé.
Peut-on commencer directement avec un statut de société ?
Oui, c’est tout à fait possible si vous avez déjà un capital de départ, une stratégie claire ou des ambitions à moyen terme. Créer une SASU (société par actions simplifiée unipersonnelle) ou une EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) permet :
- De déduire vos dépenses (publicité, outils, prestations externes…),
- De mieux piloter votre rémunération via salaire ou dividendes,
- D’avoir une structure solide pour collaborer, lever des fonds ou revendre votre activité.
En contrepartie, la gestion est plus rigoureuse : vous devez tenir une vraie comptabilité, déposer vos comptes, et souvent faire appel à un expert-comptable.
Quand passer en société ?
Dès que votre chiffre d’affaires approche les seuils de TVA ou que votre rentabilité le permet, passer en société devient pertinent. Cela vous permet aussi d’anticiper une croissance internationale ou un développement multicanal.
Dropshipping et TVA : ce que vous devez savoir
La TVA est l’un des sujets les plus flous en dropshipping. Entre fournisseurs étrangers, clients internationaux et seuils à respecter, il est essentiel de comprendre à quel moment vous devez facturer la TVA, et à qui.
À partir de quand la TVA est-elle obligatoire ?
Tout dépend de votre chiffre d’affaires :
- Vous êtes exonéré de TVA tant que votre chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas 85 000 € (avec une tolérance jusqu’à 93 500 € l’année en cours si vous étiez en-dessous du seuil l’année précédente).
- Dès que vous dépassez ce seuil, vous devez obtenir un numéro de TVA intracommunautaire et facturer la TVA à vos clients en France.
Cas d’un fournisseur hors UE (ex. : Chine) et d’un client en France
Voici une situation classique :
- Vous achetez un produit en Chine (hors taxes).
- Vous le vendez à un client en France via votre boutique Shopify.
Dans ce cas :
- La TVA peut être perçue directement à l’importation par les services douaniers (via le transporteur),
- Ou collectée au moment de la vente si vous passez par un guichet OSS/IOSS (facultatif, mais recommandé si vous souhaitez garantir à vos clients européens l’absence de frais imprévus à la livraison pour les imports de moins de 150 €).
Le guichet OSS/IOSS, c’est quoi ?
L’IOSS (Import One-Stop Shop) permet aux vendeurs de déclarer la TVA de leurs ventes dans toute l’UE à partir d’un seul pays. Très utile pour le dropshipping si :
- Vous vendez à des clients dans plusieurs pays de l’UE,
- Vos fournisseurs expédient directement les colis depuis un pays hors UE.
Cela vous évite de devoir vous immatriculer à la TVA dans chaque pays européen.
Cas d’un fournisseur et d’un client tous deux en UE
Si vous travaillez avec un fournisseur européen (par exemple en Espagne) et que vous vendez à des clients français :
- Vous recevez une facture HT (intracommunautaire) si vous avez un numéro de TVA valide,
- Et vous facturez la TVA française à votre client (ou pas, selon les seuils de CA)
Comment déclarer vos revenus en dropshipping ?
Que vous soyez en micro-entreprise ou en société, vos revenus issus du dropshipping doivent être déclarés correctement. Cela permet d’être en règle avec l’administration fiscale et d’éviter les pénalités en cas de contrôle.
En micro-entreprise
En tant que micro-entrepreneur, la déclaration est simplifiée :
- Vous déclarez chaque mois ou chaque trimestre votre chiffre d’affaires brut (total des ventes, sans déduction des achats ou frais),
- L’URSSAF calcule automatiquement vos cotisations sociales,
- Et, selon votre choix, vous pouvez régler en même temps l’impôt via le versement libératoire.
💡 À noter : même si vous n’avez pas encore de ventes, vous devez déclarer 0 €. Oublier une déclaration peut entraîner des sanctions automatiques.
En société (SASU, EURL, etc.)
Avec une société, la gestion devient plus technique :
- Vous devez tenir une comptabilité complète (bilan, compte de résultat…),
- Déclarer la TVA chaque mois ou trimestre selon votre régime,
- Et déposer une liasse fiscale annuelle (bilan + compte de résultat + annexes) auprès des impôts.
La déclaration de revenus personnels dépend ensuite de votre mode de rémunération :
- Salaire → déclaration dans la catégorie traitements et salaires,
- Dividendes → imposition au prélèvement forfaitaire unique (ou barème progressif si vous l’avez choisi).
Quelles cotisations sociales devez-vous payer en dropshipping ?
En tant que dropshipper, vous ne payez pas uniquement des impôts. Vous êtes aussi redevable de cotisations sociales, qui servent à financer la sécurité sociale, la retraite, la formation professionnelle, etc. Le montant de ces charges dépend là encore de votre statut juridique.
En micro-entreprise
Vous payez 12,3 % du chiffre d’affaires pour les activités d’achat-revente (comme le dropshipping). Ces cotisations sont calculées sur le CA brut, sans prendre en compte vos frais, achats ou dépenses publicitaires.
- Exemple : si vous encaissez 2 000 € sur le mois, vous paierez 246 € de cotisations.
- Ce taux inclut la couverture maladie, la retraite de base, la CSG-CRDS, etc.
- Vous pouvez ajouter 1 % supplémentaire si vous optez pour le versement libératoire de l’impôt (facultatif).
En société (SASU, EURL…)
Les cotisations sociales dépendent ici de votre rémunération réelle :
- Si vous vous versez un salaire → charges salariales + patronales à payer,
- Si vous vous versez uniquement des dividendes → pas de cotisations sociales classiques, mais des prélèvements sociaux (17,2 %) et l’impôt sur le revenu.
💡 En SASU, vous relevez du régime général. En EURL (avec gérant majoritaire), vous relevez de la sécurité sociale des indépendants (SSI), avec des cotisations souvent un peu plus faibles.
Les erreurs fiscales fréquentes en dropshipping
La fiscalité peut vite devenir un casse-tête en dropshipping, surtout quand on débute. Voici les erreurs les plus courantes à éviter pour ne pas mettre en péril votre activité.
Ne pas déclarer ses revenus
Beaucoup de dropshippers commencent "pour tester" sans créer de structure. Mais même si vos revenus sont modestes ou occasionnels, vous êtes dans l’obligation de déclarer votre activité. Vendre sans statut, c’est risquer une requalification en travail dissimulé, avec sanctions à la clé.
Oublier de facturer la TVA
Dès que vous dépassez les seuils de franchise, vous devez facturer la TVA sur vos ventes. Oublier cette étape, c’est :
- Être en infraction,
- Devoir reverser la TVA à vos frais en cas de contrôle.
Mélanger compte personnel et professionnel
Gérer les ventes, les achats et les dépenses avec votre compte bancaire personnel est une erreur fréquente. Cela complique la comptabilité et peut vous coûter cher en cas de vérification. Ouvrez un compte bancaire dédié à votre activité, même en micro-entreprise.
Négliger la TVA intracommunautaire
Si vous achetez auprès d’un fournisseur européen, vous devez fournir votre numéro de TVA intracommunautaire pour ne pas payer la TVA deux fois (à l’achat et à la vente). Sans ce numéro, vous risquez :
- De payer trop de TVA,
- Ou de vous retrouver avec des factures non conformes.
Exemple concret d’une micro-entreprise qui se fournit chez AliExpress
Prenons le cas fictif d’Alex, un e-commerçant qui vient de se lancer en dropshipping de vaisselle pour bébé en silicone. Il achète ses produits sur AliExpress, les revend via une boutique Shopify à des clients en France et parfois ailleurs en Europe. Son chiffre d’affaires moyen est d’environ 200 € par mois, et il a opté pour le statut de micro-entrepreneur.
Ce qu’il doit faire pour être en règle
- Déclarer son activité sur le site de l’Urssaf et obtenir un numéro SIRET.
- S’immatriculer au Registre du commerce et des sociétés (RCS), obligation légale pour toute activité de vente en ligne, même en micro-entreprise.
- Informer clairement ses clients sur les délais, conditions de retour et mentions légales (obligation légale en e-commerce)
- Éviter toute pratique commerciale trompeuse : faux avis, promotions mensongères, urgences artificielles…
- Déclarer son chiffre d’affaires chaque mois ou trimestre, même s’il est faible (et même si certains mois, il est de 0 €).
- Ne pas facturer la TVA tant qu’il reste en dessous du seuil de 85 000 € (franchise de TVA).
- Conserver toutes les factures d’achat (même sur AliExpress) en cas de contrôle.
- Utiliser un compte bancaire dédié à son activité.
Points à surveiller
- Si ses produits sont envoyés directement de Chine, les colis peuvent être bloqués en douane ou soumis à la TVA à l’import. Certains transporteurs (ex : Cainiao, Yanwen) gèrent mal ces formalités.
- Il doit donc prévenir ses clients que des frais de douane peuvent éventuellement s’appliquer, même si c’est rare sur de petites commandes.
- En vendant à d’autres pays de l’UE, il doit garder un œil sur ses volumes : au-delà de 10 000 € de ventes dans l’UE, il devra s’enregistrer au guichet OSS ou s’immatriculer dans chaque pays.
Ce qu’il pourrait améliorer à l’avenir
- Passer à une solution d’expédition locale pour gagner en fiabilité (ex : stocker chez un logisticien européen ou passer par un agent privé),
- Anticiper le dépassement des seuils de TVA si l’activité décolle,
- Utiliser une app de facturation compatible Shopify pour générer des factures conformes, automatiquement.
Récapitulatif de la fiscalité en dropshipping
Il n’existe pas de régime fiscal spécifique au dropshipping. C’est une activité commerciale classique, soumise aux mêmes règles que n’importe quelle vente de biens en ligne. Ce qui détermine vos obligations fiscales, c’est avant tout le statut juridique que vous avez choisi.
Voici un tableau récapitulatif pour y voir plus clair selon que vous soyez en micro-entreprise ou en société (SASU, EURL, etc.) :
<
Type de charge |
Micro-entreprise (vente de biens) |
Société (SASU, EURL, etc.) |
Impôt |
Impôt sur le revenu : - 1 % du CA (si versement libératoire) - ou IR classique après abattement de 71 % |
Impôt sur les sociétés (IS) sur le bénéfice + IR personnel sur salaires ou dividendes |
Cotisations sociales |
12,3 % du chiffre d’affaires |
Selon votre rémunération (URSSAF ou SSI) |
TVA |
Franchise en base jusqu’à 85 000 € (93 500 € de tolérance) → Pas de TVA à collecter tant que sous ce seuil |
|
TVA UE / Guichets OSS – IOSS |
OSS facultatif si ventes UE < 10 000 € IOSS facultatif si imports < 150 € |
OSS recommandé si ventes UE > 10 000 € IOSS utile pour import depuis hors UE |
Déclarations fiscales |
- Déclaration mensuelle ou trimestrielle du CA - Paiement URSSAF + optionnellement l’IR |
- Déclaration de TVA mensuelle ou trimestrielle - Déclaration de résultats annuelle (liasse fiscale) |
Comptabilité |
Très simplifiée (pas de bilan, pas de comptes) |
Obligatoire (bilan, compte de résultat, journal…) |
Maîtrisez la TVA en toute sérénité avec Shopify
Shopify automatise la collecte de la TVA pour vous. Sur chaque vente effectuée via votre boutique, la plateforme applique automatiquement les bons taux, en fonction de votre localisation et de celle de vos clients.
Avec Shopify Tax, vous pouvez même suivre facilement vos obligations fiscales dans l’UE et au Royaume-Uni : seuils de TVA, inscriptions locales, taux applicables… Tout est centralisé dans votre interface administrateur Shopify.
En résumé, maîtriser la fiscalité du dropshipping, c’est poser des bases saines pour une activité e-commerce pérenne. Restez curieux, bien informé… et concentré sur ce qui fait vraiment croître votre business.
FAQ sur la fiscalité en dropshipping
Faut-il créer une entreprise pour faire du dropshipping ?
Oui. Même avec quelques ventes par mois, vous exercez une activité commerciale. Il est donc obligatoire de créer un statut (micro-entreprise, SASU, etc.) et de vous immatriculer au RCS.
Dois-je facturer la TVA si j’achète mes produits en Chine ?
Pas automatiquement. Si vous êtes en franchise de TVA (seuil sous 85 000 €), vous ne la facturez pas. En revanche, des frais de TVA ou de douane peuvent s’appliquer à l’importation.
Et si je vends en Europe depuis la France ?
En dessous de 10 000 € de CA annuel dans l’UE (hors France), vous pouvez appliquer la TVA française. Au-delà, vous devrez vous inscrire au guichet OSS ou dans chaque pays concerné.
Puis-je faire du dropshipping sans numéro de TVA ?
Oui, si vous êtes en micro-entreprise sous les seuils. Mais vous aurez quand même besoin d’un numéro de TVA intracommunautaire si vous achetez auprès d’un fournisseur basé dans l’UE.
Puis-je commencer sans statut, juste pour tester ?
Non. La vente de biens, même en ligne et même en faible volume, est une activité réglementée. Il est obligatoire de créer une structure et de déclarer vos revenus.