Charges déductibles en entreprise individuelle : guide et exemples

Quand on gère une entreprise individuelle, chaque euro compte. Que vous vendiez des produits en ligne, exerciez une activité de service ou combiniez les deux, il est essentiel de bien comprendre ce que vous pouvez légalement déduire de vos recettes pour réduire votre imposition.

Car oui, certaines dépenses professionnelles peuvent venir diminuer votre bénéfice imposable. À condition de respecter certaines règles.

Ce guide vous aide à y voir clair :

• Qu’est-ce qu’une charge déductible, exactement ?
• Quelles sont les différences entre micro-entreprise et régime réel ?
• Quelles dépenses sont admises — et lesquelles sont exclues ?
• Comment bien les gérer au quotidien ?

Profitez d’exemples concrets pour vous aider à prendre les bonnes décisions.

Qu’est-ce qu’une charge déductible en entreprise individuelle ?

Une charge déductible, c’est une dépense que vous avez engagée pour les besoins de votre activité professionnelle, et que vous pouvez soustraire de votre chiffre d’affaires pour calculer votre bénéfice imposable. Moins vous déclarez de bénéfices, moins vous êtes imposé.

Mais attention, toutes les dépenses ne sont pas déductibles. Pour qu’une charge soit admise par l’administration fiscale, elle doit remplir trois conditions :

• Être engagée dans l’intérêt direct de l’activité (et non pour votre usage personnel)
  
• Être justifiée par un document valable : facture, reçu, note de frais
  
• Être enregistrée en comptabilité (même simplifiée)

Cas de la micro-entreprise : pas de charges déductibles, mais un abattement forfaitaire

Si vous avez choisi le régime micro-entreprise (auto-entrepreneur), vous ne déduisez pas vos charges une par une. À la place, l’administration applique un abattement automatique censé représenter vos frais professionnels :

• 71 % d’abattement pour une activité d’achat/revente (boutique en ligne, dropshipping, etc.)
  
• 50 % pour les prestations de service commerciales
  
• 34 % pour les activités libérales

Cela simplifie la gestion comptable, mais cela signifie aussi que vous ne bénéficiez pas de la déduction réelle si vos charges sont importantes.

Exemple : une entrepreneuse qui vend des objets de décoration sur Shopify est en micro-BIC. Même si elle dépense 5 000 € pour acheter du stock, des colis et payer des publicités, elle ne pourra pas les déduire directement. Elle bénéficiera d’un abattement de 71 %, que ses charges réelles soient plus faibles… ou plus élevées.

Régime réel : vous déduisez toutes vos charges réelles

Si vous êtes au régime réel (simplifié ou normal), vous devez tenir une comptabilité plus complète, mais vous pouvez déduire toutes les charges réellement supportées, à condition qu’elles soient justifiées et professionnelles. Cela peut s’avérer très avantageux si votre activité génère des frais importants.

Exemple : un entrepreneur qui vend des accessoires de mode et génère 60 000 € de chiffre d’affaires, mais qui engage 30 000 € de frais (stock, publicité, outils, prestataires) ne sera imposé que sur 30 000 € — son bénéfice réel.

Liste des charges déductibles en entreprise individuelle

Passer au régime réel permet de déduire vos charges professionnelles réelles, ligne par ligne. Ce choix peut être judicieux si vos frais sont élevés, notamment dans le cadre d’une activité artisanale, commerciale ou de vente en ligne.

Voici les principales catégories de charges que vous pouvez déduire.

Achats de marchandises et matières premières

• Produits achetés pour être revendus (si vous êtes commerçant)
• Matières premières servant à fabriquer vos produits (si vous êtes artisan ou créateur)
• Emballages, consommables, fournitures diverses

Exemple : un artisan qui fabrique des bougies peut déduire l’achat de cire, de mèches, de pots en verre, d’étiquettes et de cartons d’envoi. Un e-commerçant qui revend des produits importés peut déduire le coût d’achat de ses stocks.

Frais de fonctionnement

• Abonnement à des outils ou logiciels professionnels
• Nom de domaine, hébergement de site, abonnement Shopify
• Frais bancaires liés à un compte pro
• Assurance responsabilité civile professionnelle

Exemple : une entrepreneuse qui gère sa boutique en ligne avec Shopify et utilise Canva Pro, Sendinblue et QuickBooks pour sa gestion peut déduire l’ensemble de ces abonnements mensuels.

Logistique, transport et livraison

• Frais de transporteur ou de service de livraison
• Colis, étiquettes d’expédition, matériel de calage
• Location d’un local ou d’un espace de stockage
• Utilisation d’un véhicule professionnel (sous conditions)

Exemple : un vendeur de vêtements en ligne qui expédie avec Mondial Relay et La Poste peut déduire les frais d’envoi. S’il loue un box pour stocker ses produits, cette charge est également déductible.

Dépenses de communication et marketing

• Campagnes publicitaires en ligne (Meta Ads, Google Ads)
• Création ou refonte de site web (prestataire ou freelance)
• Shooting photo produit, création de vidéos ou visuels
• Partenariats avec des influenceurs (avec facture)

Exemple : une créatrice de bijoux qui investit 600 € dans une campagne Instagram et 400 € dans un shooting photo pour sa nouvelle collection peut déduire ces dépenses à condition de disposer des justificatifs.

Déplacements et télétravail

• Billets de train, carburant, péages et stationnement pour vos déplacements pros
• Frais de repas en déplacement (plafonnés selon un barème officiel, de 5,45 € à 15,65 € en 2025)
• Quote-part des charges de logement en télétravail (sous conditions strictes)
• Achat de matériel bureautique : ordinateur, imprimante, mobilier

Exemple : un graphiste indépendant qui se rend à un salon professionnel peut déduire le train, l’hôtel et ses repas du soir. Un e-commerçant qui travaille depuis chez lui peut déduire une partie de son loyer s’il consacre une pièce exclusive à son activité.

Prestations de services

• Factures de freelances ou prestataires (graphistes, développeurs, consultants…)
• Commissions sur les ventes (marketplaces, plateformes de paiement)
• Comptabilité ou assistance juridique

Exemple : un entrepreneur fait appel à un rédacteur freelance pour ses fiches produits, paie des commissions à Stripe et engage un comptable indépendant. Toutes ces charges sont déductibles.

Ce que vous ne pouvez pas déduire (même si vous en rêvez)

Toutes les dépenses que vous engagez ne sont pas automatiquement déductibles, même si vous les estimez utiles à votre activité. L’administration fiscale applique des règles strictes pour exclure les frais à caractère personnel, excessif ou non justifié.

Voici une liste des principales dépenses non déductibles en entreprise individuelle, avec des exemples.

Dépenses personnelles

• Vêtements non spécifiques à l’activité
• Courses alimentaires ou repas familiaux
• Téléphone ou ordinateur utilisés principalement à titre privé

Exemple : acheter un iPhone dernier cri "pour filmer des stories" n’est pas déductible si vous l’utilisez aussi le week-end pour vos appels personnels. Vous devrez prouver un usage exclusivement professionnel, ce qui est rarement évident.

Loisir et confort

• Voyages personnels déguisés en rendez-vous pros
• Cadeaux non justifiés
• Abonnements à des plateformes sans lien direct avec votre métier

Exemple : participer à un salon professionnel à Barcelone, oui. Partir en vacances là-bas et faire une photo de vos produits sur la plage, non. Ce genre de "faux frais" est souvent recalé en cas de contrôle.

Amendes, pénalités et charges non professionnelles

• Amendes de stationnement ou de vitesse
• Majoration pour retard de paiement
• Cotisations personnelles type mutuelle santé (hors contrats spécifiques Madelin)

Dépenses mal justifiées

• Absence de facture au nom de l’entreprise
• Paiements en espèces non enregistrés
• Achats sur un compte personnel non séparé du compte pro

Exemple : vous achetez une imprimante sur Amazon avec votre compte perso, sans facture à votre nom pro ? Même si elle vous sert à imprimer vos bordereaux d’expédition, la déduction risque d’être refusée.

🔎 Rappel : En cas de contrôle, c’est à vous de prouver que la dépense est réelle, professionnelle et justifiée. Mieux vaut donc tenir une comptabilité rigoureuse et séparer clairement vos finances perso et pro.

Comment bien gérer ses charges déductibles ?

Savoir quelles charges vous pouvez déduire, c’est une chose. Mais encore faut-il les organiser correctement pour qu’elles soient prises en compte sans stress ni mauvaises surprises. Voici les bonnes pratiques à adopter pour garder une comptabilité claire et profiter pleinement de vos droits.

Conservez tous vos justificatifs

• Chaque dépense doit être documentée : facture, ticket de caisse, contrat, note de frais…
• La facture doit comporter votre nom ou raison sociale, votre adresse professionnelle et le montant TTC
• Les factures papier doivent être numérisées et archivées pendant 10 ans

📌 Exemple : Vous achetez une table de travail chez IKEA pour votre atelier. Sans facture à votre nom pro, impossible de justifier l’achat en cas de contrôle fiscal.

Utilisez des outils adaptés

Même en entreprise individuelle, vous n’êtes pas obligé de tout faire à la main. De nombreux outils peuvent vous aider à automatiser la saisie des dépenses et à générer vos documents comptables :

• Indy, Freebe ou Tiime pour les freelances et micro-entrepreneurs
• QuickBooks, Sinao ou Dougs pour les entreprises au régime réel
• Des applications comme Bankin’ Pro ou Shine pour suivre vos flux en temps réel

🛍 Exemple : un e-commerçant qui utilise Shopify + QuickBooks peut synchroniser automatiquement ses ventes, frais de livraison, abonnements et frais publicitaires. Un vrai gain de temps… et de sérénité.

Distinguez bien vos dépenses personnelles et professionnelles

• Ouvrez un compte bancaire dédié à votre activité pro, même si ce n’est pas une obligation légale (hors micro-entreprises > 10 000 €/an)
• Ne mélangez jamais les paiements : une seule carte bancaire pour votre entreprise
• Si vous utilisez un bien mixte (ordinateur, voiture, téléphone), notez précisément la part pro utilisée

💡 Conseil : En cas d’usage mixte, vous pouvez appliquer une quote-part (ex. : 70 % d’usage pro) à condition de pouvoir la justifier.

Soyez régulier dans votre suivi comptable

• Ne laissez pas les factures s’accumuler : traitez-les au fil de l’eau
• Mettez à jour votre tableau de dépenses chaque semaine ou chaque mois
• En fin d’année, vérifiez les charges payées mais pas encore facturées pour ne rien oublier

Faites-vous accompagner si besoin

Un expert-comptable n’est pas obligatoire, mais il peut vous faire gagner du temps et éviter des erreurs coûteuses. C’est particulièrement vrai si vous :

• Êtes au régime réel simplifié ou normal
• Avez un chiffre d’affaires important
• Travaillez avec des prestataires, ou gérez de la TVA

Tableaux récapitulatifs des charges déductibles en entreprise individuelle

Pour vous aider à y voir clair, voici un tableau qui résume les principales dépenses professionnelles en entreprise individuelle, avec leur caractère déductible (ou non) et des exemples concrets.

Bien gérer ses charges déductibles peut vraiment faire la différence

Maîtriser les charges déductibles en entreprise individuelle, ce n’est pas seulement une affaire de comptabilité — c’est un levier concret pour optimiser votre fiscalité, gagner en visibilité sur vos marges réelles, et mieux piloter votre activité.

Que vous vendiez des produits en ligne, exerciez une activité de service ou cumuliez les deux, chaque dépense professionnelle bien documentée peut faire la différence sur votre résultat imposable. Et sur votre sérénité.

Prenez l’habitude de trier, noter et justifier vos frais dès maintenant : c’est une bonne habitude à prendre, surtout si vous envisagez de grandir ou de passer du régime micro au réel.