Créer sa marque de vêtements en 14 étapes (2025)

La mode vous passionne et vous avez envie de tenter l'aventure de l'entrepreneuriat en créant votre marque de vêtements en ligne ? Excellente idée ! La concurrence est rude, mais la vente de vêtements en ligne reste un marché très porteur.

Créer une marque de vêtements qui réussit demande plus qu'un talent pour le design. Si la coupe, la couture et le drapé sont essentiels pour définir les tendances de la prochaine saison, comprendre l'aspect commercial de la mode nécessite un ensemble de compétences différent.

La célèbre créatrice canadienne Sarah Donofrio, qui a lancé sa propre marque avec succès, sait mieux que personne ce qu’il faut pour réussir. Forte de plus de vingt ans d’expérience dans l’industrie de la mode, elle a compris qu’une marque florissante repose sur un équilibre subtil entre créativité et sens aigu des réalités business.

Créer sa marque de vêtements ne se fait pas en un claquement de doigts. Mais en suivant les bonnes étapes, dans le bon ordre, vous pouvez transformer votre passion en véritable réussite. Découvrez dans ce guide les conseils de Sarah et les grandes étapes pour créer votre marque de vêtements de A à Z.

Comment créer sa marque de vêtements en 14 étapes

1. Développer vos compétences en design
2. Créer un business plan pour votre marque de vêtements
3. Suivre les tendances de la mode
4. Construire une marque forte
5. Concevoir et développer votre ligne de vêtements
6. Trouver des tissus ou créer vos propres designs
7. Mettre en place la production et la fabrication
8. Établir des stratégies de prix et de gestion des stocks
9. Planifier vos collections selon les saisons
10. Présenter votre ligne de vêtements aux revendeurs
11. Créer une boutique en ligne
12. Promouvoir votre marque de vêtements en ligne
13. Ouvrir une boutique physique, lancer un pop-up ou vendre sur les marchés
14. Apprendre des professionnels

1. Développer vos compétences en design

Des créateurs autodidactes comme Vivienne Westwood ou Dapper Dan prouvent qu’on peut réussir dans la mode, même sans formation académique. Aujourd’hui, il est tout à fait possible d’apprendre les bases de la couture et du stylisme grâce à des tutoriels en ligne, notamment sur YouTube.

Cela dit, suivre une formation — en présentiel ou en ligne — offre de réels avantages : apprentissage des standards de l’industrie, accès à du matériel professionnel, retours d’experts, mise en réseau... Autant de leviers utiles pour bien démarrer.

Sarah Donofrio, par exemple, a appris les bases en classe, mais c’est surtout sur le terrain qu’elle a forgé son expérience. Elle a longtemps travaillé dans le commerce de détail avant de lancer sa propre marque.

« Je voulais être à mon compte, confie-t-elle, mais je savais qu’il était essentiel d’apprendre le métier de l’intérieur. »

Elle recommande vivement de passer quelques années auprès d’autres marques ou stylistes avant de se lancer :

« Il m’a fallu du temps pour gagner suffisamment en confiance et être prête à remplir une boutique avec mes propres créations. J’avais besoin de mûrir, de recevoir des conseils et d’acquérir de l’expérience. »

Bonne nouvelle : les options d’apprentissage se multiplient. Renseignez-vous auprès des centres de formation près de chez vous, ou explorez des plateformes comme Esmod ou le CNFDI qui proposent des cours en ligne, à distance ou en horaires aménagés.

2. Créer un business plan pour votre marque de vêtements

Se lancer dans la création de vêtements et donner vie à une marque de mode nécessite certaines qualités. Dans un premier temps, il est essentiel d'avoir une bonne connaissance du marché et de la concurrence. Pour cela vous devrez — sans surprise — faire une étude de marché et de la concurrence afin de mieux appréhender le secteur et, pourquoi pas, d'adapter votre offre pour la rendre plus pertinente.

Lancer une ligne de vêtements implique de nombreuses considérations similaires à celles de toute entreprise. Combien coûte le démarrage ? Quand devriez-vous rechercher des capitaux ? De quelle aide extérieure aurez-vous besoin pour naviguer dans les aspects juridiques, financiers, de production et de distribution ? Où et comment produirez-vous vos produits ?

Modèles d'entreprise pour les marques de mode

Clarifier votre stratégie commerciale vous aidera à déterminer le temps, l'effort et le financement nécessaires pour concrétiser votre marque de vêtements.

Voici quelques business model d'entreprise à considérer :

• Production artisanale : Fabriquez et vendez vos créations directement aux clients via votre propre site web ou lors de marchés et pop-ups.
• Partenaire de fabrication : Créez des collections et produisez des vêtements via un fabricant, puis vendez votre ligne en gros à d'autres détaillants.
• Impression à la demande : Concevez des motifs ou des graphiques à imprimer sur des t-shirts vierges et autres vêtements en utilisant un service d'impression à la demande, en vendant en ligne via votre propre boutique.

Choisir un type et une structure d'entreprise

Votre business plan est également l'endroit où vous définirez votre structure d'entreprise. Vous pouvez choisir de fonctionner en tant qu'auto-entrepreneur, EURL, SASU ou autre forme juridique.

Si vous décidez de vous concentrer sur des pratiques commerciales durables et de produire des vêtements de manière éthique, vous pourriez également envisager de devenir une entreprise B Corp. Cette désignation signale aux consommateurs engagés que votre entreprise de vêtements s'engage pour la durabilité.

Combien coûte le lancement d'une marque de vêtements ?

Une fois votre idée de marque bien définie, il est possible de démarrer en autofinancement, étape par étape. Concevoir et coudre vous-même des vêtements sur commande permet d’éviter les stocks importants. En revanche, il faudra prévoir un investissement de départ pour l’équipement et l’achat de tissus en quantité, afin de rester rentable. D’autres postes de dépense majeurs incluent les frais d’expédition et le budget marketing.

Si vous choisissez de passer directement par un fabricant pour une production en série, les coûts initiaux seront plus élevés, notamment pour respecter les quantités minimales imposées. C’est pourquoi un business plan solide et une estimation précise des coûts sont indispensables pour évaluer vos besoins en financement.

« Dans la mode, on ne calcule pas seulement le prix du tissu, des boutons ou de la main-d’œuvre, explique Sarah Donofrio. Il faut aussi inclure les frais de livraison, le chauffage ou encore le loyer. »

Pour réunir le capital nécessaire, vous pouvez envisager un prêt professionnel ou lancer une campagne de financement participatif pour produire vos premières pièces. Si vous cherchez une option avec peu ou pas d’investissement, vous pouvez aussi explorer des modèles comme le dropshipping ou la vente en dépôt-vente en ligne.

3. Suivre les tendances de la mode

En développant sa marque, Sarah Donofrio a appris que s’inspirer des tendances est essentiel, mais que le plus important reste de cultiver ses points forts et d’affirmer sa propre sensibilité créative.

« L’astuce, c’est de trouver ce que vous faites mieux que les autres et de vous concentrer là-dessus », explique-t-elle.

Ses collections sont marquées par une vraie cohérence stylistique, reconnaissable d’année en année. Pourtant, Sarah garde toujours un œil sur les tendances. Selon elle, la clé est de savoir les adapter à son univers, de les personnaliser et de les traduire pour sa clientèle.

« J’ai toujours eu une bonne intuition des tendances, dit-elle. Mais tout repose sur la manière de les interpréter. » Lorsqu’elle travaillait dans l’industrie pour des collections grande taille, Sarah a appris que traduire une tendance, c’est aussi l’adapter aux besoins spécifiques de son public.

Même si elle reste fidèle à son style, elle reste attentive à l’évolution de la mode — et du monde. « Prenez l’athleisure, par exemple. Je ne fais ni leggings ni brassières de sport, mais un crop top tissé que j’ai imaginé fonctionnerait parfaitement avec un legging. C’est comme ça que j’intègre la tendance. »

Pour nourrir votre créativité et capter les tendances avant tout le monde, multipliez les sources d’inspiration : lisez la presse spécialisée, suivez les influenceurs mode, abonnez-vous à des newsletters ou à des podcasts fashion. C’est un excellent moyen de rester en phase avec le marché, tout en gardant votre signature.

4. Construire une marque forte

Votre marque va bien au-delà d’un nom ou d’un logo. Construire une marque forte dans la mode, c’est incarner vos valeurs, votre mission, votre positionnement et votre histoire.

Mettre en place une charte de marque vous aidera à prendre des décisions cohérentes : elle orientera votre direction artistique, le design de votre site web, vos campagnes marketing et même le choix de vos partenaires commerciaux ou de vos futurs collaborateurs.

Les réseaux sociaux sont un excellent levier pour construire un univers de marque : partagez vos inspirations et votre processus créatif, racontez votre histoire, montrez qui vous êtes — et soyez intentionnel dans chaque publication.

« La clé des réseaux sociaux, c’est la régularité, explique Sarah Donofrio. Je pense qu’il faut publier tous les jours, mais en gardant un contenu intéressant. »

Elle varie ses posts entre voyages, inspirations, coulisses de ses créations en cours… Et même quelques données issues de son tableau de bord d’analyse.

5. Concevoir et développer votre ligne de vêtements

Sarah Donofrio considère le carnet de croquis comme l’un des outils les plus précieux pour un designer.

« J’emporte mon carnet partout avec moi, raconte-t-elle. En dessinant, je me dis parfois : “Tiens, ce petit croquis ferait un super motif répétitif. »

Lors de sa participation à Project Runway (une émission de télévision américaine où des stylistes s'affrontent dans des défis de création vestimentaire, avec un temps limité et des contraintes précises), elle n’avait pas le droit d’emporter son carnet — une règle du concours qui l’a complètement déstabilisée.

« Ça m’a vraiment fait perdre mes repères » confie-t-elle.

En développant sa propre marque de vêtements, Sarah a affiné un style illustratif bien à elle, qui trouve un véritable écho auprès de sa cible.

Conseils de Sarah pour concevoir une ligne de vêtements :

• Gribouillez sans cesse. Un simple croquis peut être le point de départ d’un design abouti. Pour Sarah, toute idée commence sur papier avant d’être retravaillée sur Illustrator ou un autre outil numérique.
  « J’utilise toujours un mélange de nouvelles technologies et de carnets pleins de griffonnages, » dit-elle.
• Réalisez vous-même vos premiers prototypes. En fabriquant vos propres échantillons à la main, vous comprenez mieux les contraintes de production. Et vous serez en meilleure posture pour négocier avec un fabricant.
• Gardez du temps pour la création. Si la production ou les tâches business prennent trop de place, c’est qu’il est temps de déléguer. La créativité doit rester votre priorité.

6. Trouver des tissus ou créer vos propres designs

Que vous ayez choisi de réaliser vous-même vos créations ou que vous préfériez passer par un fabricant externe, vous allez devoir trouver le fournisseur idéal, c'est-à-dire celui qui répondra au mieux à tous vos critères.

Sarah explique que l’approvisionnement en tissus repose en grande partie sur vos connaissances et votre réseau. Nouer des relations dans l’industrie permet d’accéder plus facilement à des agents textiles, des grossistes ou des usines. Quand elle vivait à Toronto, Sarah connaissait bien le marché local et passait par un agent pour obtenir des tissus en provenance du Japon.

Mais ce type de sourcing a ses limites.

« Au Canada, tout le monde passe par le même agent, explique-t-elle. Résultat : toutes les marques locales finissent par utiliser les mêmes tissus. »

Avec la démocratisation des plateformes en ligne, l’accès aux fournisseurs mondiaux s’est ouvert — mais cela a aussi rendu plus difficile la recherche de matières originales. Malgré ses contacts, Sarah a commencé à peiner à trouver des imprimés uniques. Sa solution ? Créer les siens.

« Quand je suis sortie de l’école de mode en 2005, on ne pouvait pas simplement aller sur Alibaba, raconte-t-elle. Aujourd’hui, beaucoup de créateurs que je connais s’y approvisionnent. C’est ce qui m’a poussée à me perfectionner en design textile. »

Pour les débutants, les agents peuvent représenter une bonne porte d’entrée. Mais Sarah recommande surtout de développer son propre réseau : intégrez des communautés de designers, participez à des groupes de rencontre, rejoignez des incubateurs ou des événements de réseautage mode, en ligne comme en présentiel. Ce sont souvent ces connexions humaines qui ouvrent les meilleures opportunités.

7. Mettre en place la production et la fabrication

Votre stratégie de production dépendra de votre modèle : allez-vous fabriquer vous-même vos vêtements ou adopter un système de revente ? Si vous choisissez d’internaliser la production, il vous faudra un espace adapté — à la fois pour stocker vos matières premières et pour installer un atelier de création.

Au départ, les volumes produits ne justifieront peut-être pas le recours à un prestataire externe. Mais à mesure que votre activité grandit, travailler avec un fabricant vous permettra de vous concentrer sur d’autres priorités, comme le développement produit ou la communication.

Plusieurs options s’offrent à vous pour produire vos créations :

• Une production en interne, avec des employés ou des couturiers freelance dans un petit studio
• Une installation de production commerciale (que vous possédez, partagez ou louez)
• Une externalisation à une usine locale, tout en gardant une certaine supervision
• Une production à l’étranger, totalement déléguée à une usine partenaire

Exemples de production interne

Adrienne Butikofer, fondatrice de la marque OKAYOK, a choisi de garder sa production en interne en recrutant progressivement du personnel. Elle sous-traite cependant certaines opérations, comme la teinture, à une usine spécialisée.

À Détroit, la marque Detroit Denim fabrique ses vêtements dans ses propres locaux, ce qui permet aux fondateurs de contrôler l’ensemble du processus à grande échelle.

Si vous démarrez de chez vous, veillez à aménager un studio ergonomique et inspirant, avec un bon flux de travail entre les machines, un espace de rangement suffisant, et un cadre dans lequel vous avez envie de passer du temps.

Collaborer avec des fabricants

Au début, Sarah Donofrio cousait elle-même la majorité de ses pièces. Puis, au fil du temps, elle a commencé à déléguer certaines tâches à des couturiers locaux. Aujourd’hui, elle travaille avec des usines, ce qui lui libère du temps pour se concentrer sur le développement de sa marque, de ses collections et de son réseau de distribution B2B.

Sarah sait que ses clients accordent de l’importance à une fabrication locale et éthique — au point d’être prêts à payer plus cher pour cela.

« Le made in America a forcément un coût plus élevé, explique-t-elle. Mais pour moi, ça en vaut la peine. Je pense que la transparence est un véritable atout. »

Forte de son expérience en entreprise, elle évite de dépendre d’un seul fabricant. Elle analyse les points forts et les limites de chaque usine et documente ses retours dans une base de données personnelle.

« Les grandes marques utilisent plusieurs usines selon leurs spécialités, dit-elle. L’une peut être experte en maille, une autre dans la confection de pantalons. »

8. Établir des stratégies de prix et de gestion des stocks

Créer une marque de vêtements ne se limite pas à la partie créative. Il est essentiel de mettre en place des stratégies solides pour piloter votre activité au quotidien, notamment en matière de tarification et de gestion des stocks.

Fixer les prix de votre ligne de vêtements

Déterminer le bon prix revient à équilibrer vos coûts (matières premières, main-d’œuvre, marketing, expédition, charges fixes) avec la valeur perçue par vos clients. Une étude de la concurrence vous permettra d’ajuster vos prix en fonction du positionnement de votre marque sur le marché.

Posez-vous ces questions :

• Quel est le coût total pour produire et livrer un article ?
• Quelle marge souhaitez-vous dégager ?
• À quel prix vos clients cibles sont-ils prêts à acheter ?

Une stratégie de prix cohérente est essentielle pour rester compétitif sans rogner sur vos marges.

Inventaire pour les entreprises de vêtements

Contrairement aux produits périssables, les vêtements ne se dégradent pas. Mais les tendances changent vite. Trop de stock peut vite devenir un poids mort.

Appuyez-vous sur vos données de vente pour savoir ce qui fonctionne — ou pas — et ajustez vos cycles de production en conséquence.

Si vous gérez vous-même l’expédition, adoptez un système d’inventaire organisé, à l’abri de la lumière et de l’humidité, pour garder vos pièces en bon état et faciles à localiser.

9. Planifier vos collections selon les saisons

Le secteur de la mode est rythmé par des cycles saisonniers — automne/hiver et printemps/été — qui dictent le calendrier de création. Les grandes marques commencent souvent le développement d’une collection plus d’un an à l’avance.

« En entreprise, on développait parfois deux ans à l’avance, » raconte Sarah Donofrio. « Mais dans les grandes structures, la cadence est plus rapide grâce aux ressources et aux études de tendance. »

En tant que créateur indépendant, vous pouvez travailler plus proche de vos dates de livraison. Sarah recommande d’avoir une collection prête six à huit mois avant la saison concernée, surtout si vous vendez en gros, car les acheteurs la découvrent souvent un mois avant la Fashion Week.

💡 Conseil : Travaillez à rebours à partir de votre date de livraison cible pour planifier vos phases de création, de prototypage, de production et de promotion. N’oubliez pas d’intégrer les grands événements mode à votre calendrier (comme la Fashion Week de Paris) pour caler vos lancements.

Collections de mode intemporelles

La saisonnalité ne doit pas freiner votre créativité. Sarah, par exemple, conçoit de plus en plus de motifs et de pièces qui traversent les saisons.

« C’est frustrant de créer un motif magnifique et de se dire qu’il ne sera porté que six mois » dit-elle.

Certaines marques misent sur des basiques intemporels, comme le t-shirt en coton, en le mettant à jour avec de nouvelles couleurs ou coupes. Ces pièces signature, souvent best-sellers, peuvent rester au catalogue plusieurs années et contribuer à la stabilité financière de votre marque.

10. Présenter votre ligne de vêtements aux revendeurs

La vente en gros a été un levier décisif dans la croissance de la marque de Sarah Donofrio à ses débuts. Après avoir testé d’autres canaux, comme sa propre boutique, elle est finalement revenue à une stratégie axée sur la vente B2B.

Dans l’univers de la mode, il existe deux grandes façons de distribuer votre collection via des boutiques partenaires :

La consignation

Ce modèle est souvent un bon point de départ. Il permet à vos pièces d’être exposées en boutique sans que le détaillant prenne de risque financier. En revanche, vous n’êtes payé que si l’article est vendu.

« C’est plus simple pour les magasins de prendre l’intégralité de votre collection en consignation, plutôt que quelques pièces, explique Sarah. Ils n’ont rien à perdre. »

La vente en gros

Dans ce cas, le revendeur achète vos produits en amont, à un tarif réduit par rapport au prix de vente final. C’est un investissement de leur part, donc ils chercheront à s’assurer de la qualité et du potentiel commercial de votre marque. La consignation peut servir de test avant de passer à ce mode de collaboration plus engageant.

Approcher les acheteurs : se préparer sérieusement

Présenter sa marque à un acheteur peut être intimidant. Sarah connaît bien les deux côtés du miroir, et c’est son expérience en tant qu’acheteuse qui lui a permis de se démarquer lorsqu’elle a dû défendre sa propre ligne.

Son conseil principal : soyez prêt.

« La première fois que j’ai présenté ma collection, je me suis demandé : Qu’est-ce que les acheteurs vont me poser comme questions ? Vous ne pouvez pas simplement arriver avec de jolis vêtements. Il faut connaître chaque détail. »

Cela signifie :

• Maîtriser vos fiches produit
• Être clair sur vos délais de production et de livraison
• Connaître vos marges, prix de gros, prix publics
• Pouvoir répondre aux questions logistiques ou techniques

11. Créer une boutique en ligne

Une boutique en ligne professionnelle sert deux objectifs principaux :

1. C'est un moyen de vendre directement à vos clients potentiels.
2. C'est un lookbook vivant à partager avec les acheteurs et les médias.

Mettre en place votre boutique

Des plateformes comme Shopify permettent de lancer facilement une boutique en ligne, même sans compétences en design ou en code. Et oui, pas de panique si vous ne maîtrisez pas sur le bout des doigts l’art du code, sachez qu’en choisissant de créer votre boutique en ligne sur Shopify vous n’aurez pas besoin de disposer de talents de développeur et ce ne sont pas Mathilde et Clémentine, les deux fondatrices de la marque de lingerie Olly qui diront le contraire : « On nous a conseillé Shopify, car même les gens du marketing peuvent créer leur site avec ! [rires] » nous avaient-elles confié avec humour lors d’un entretien.

Commencez par choisir un thème adapté à votre style — privilégiez ceux pensés pour la mode, comme Colorblock, Broadcast ou Pipeline — puis personnalisez-le avec vos couleurs, votre logo et votre charte graphique.

Pour offrir une expérience d’achat optimale, vos fiches produits doivent traduire au mieux :

• La coupe
• Le toucher
• Le tombé du vêtement

Vous pouvez améliorer cela grâce à des applications dédiées disponibles sur l’App Store Shopify. Parmi les plus utiles pour les marques de mode :

• Kiwi Size Chart & Recommender (guide des tailles intelligent)
• XO Gallery (galeries photo personnalisées)
• Loox Product Reviews & Photos (avis clients avec photos)

💡 Pensez aussi à multiplier vos canaux de vente : vendez vos créations directement via Instagram, Facebook ou même des places de marché comme Etsy pour gagner en visibilité.

Les pages essentielles de votre site

Un bon site de marque de vêtements repose sur quelques pages indispensables :

• Page d’accueil claire et immersive
• Page À propos, pour raconter votre histoire et vos valeurs
• Page Contact
• Pages de collection et fiches produit
• FAQ, pour répondre aux questions fréquentes

Votre identité de marque doit être visible dès les premières secondes. La page À propos est notamment cruciale pour créer un lien émotionnel avec vos visiteurs et vous différencier.

Soigner la photographie produit

Votre thème met en valeur vos photos — à vous de leur offrir le soin qu’elles méritent. Si vous le pouvez, investissez dans une séance photo professionnelle. Sinon, un bon smartphone, un kit d’éclairage basique et quelques astuces suffisent à produire des visuels convaincants.

Pensez à capturer :

• Les textures de tissu
• Les détails (boutons, finitions, fermetures)
• Le tombé sur un mannequin ou modèle réel

Une séance lifestyle vous fournira aussi du contenu pour vos campagnes marketing, votre site, votre kit presse ou votre lookbook. N’oubliez pas de donner des conseils de style pour aider vos clients à s’approprier vos pièces.

12. Promouvoir votre marque de vêtements en ligne

Vous croyez dur comme fer à la qualité et à l'originalité de votre marque et de vos collections, et vous avez tout à fait raison d'avoir confiance en votre travail. Mais vous devez tout de même garder à l'esprit que la concurrence est bien présente et que pour exister, vous allez devoir vous différencier des autres.

Quel que soit le secteur, le marketing et la génération de ventes restent les plus grands défis pour les marques en ligne. Pour éviter de diluer vos efforts (et votre budget), concentrez-vous sur une identité de marque forte et une proposition de valeur claire, pensée pour votre client idéal.

Même avec peu de moyens, vous pouvez mettre en place des actions efficaces et impactantes :

• Investissez dans le marketing de contenu : créez des articles de blog optimisés pour le SEO ou des vidéos utiles et inspirantes pour générer du trafic vers votre site.
• Commencez à construire votre liste e-mail avant le lancement : teasez votre prochaine collection sur les réseaux sociaux et incitez les inscriptions avec des offres exclusives ou du contenu réservé.
• Prêtez vos vêtements pour des shootings : collaborez avec des marques complémentaires (cosmétiques, accessoires…) pour gagner en visibilité grâce à des mentions croisées.
• Testez le marketing d’influence : identifiez des créateurs émergents sur Instagram ou TikTok qui partagent les mêmes valeurs que votre marque.
• Mettez en place un programme de parrainage ou de fidélité : incitez vos premiers clients à recommander votre marque autour d’eux.
• Trouvez des collaborations pertinentes : organisez un pop-up store, lancez une mini-collection à deux, ou proposez une offre conjointe avec une autre marque.
• Apprenez les bases du SEO : travailler votre référencement naturel vous permettra d’attirer du trafic qualifié sans dépendre uniquement de la publicité.
• Essayez la publicité sur les réseaux sociaux : commencez petit avec des posts sponsorisés ou des campagnes de retargeting, et testez le contenu qui engage le plus.

13. Ouvrir une boutique physique, lancer un pop-up ou vendre sur les marchés

Il a fallu 11 ans à Sarah Donofrio pour envisager sérieusement l’ouverture de sa propre boutique. Tout au long de la croissance de sa marque, elle a d’abord utilisé les marchés locaux comme terrain d’expérimentation : mieux comprendre sa clientèle, tester ses produits, obtenir de la visibilité et tisser des liens dans le secteur.

Après avoir déménagé à Portland (Oregon), elle a franchi un cap en organisant un pop-up de trois mois, avant d’ouvrir une boutique permanente.

« J’ai toujours eu peur d’ouvrir ma propre boutique à cause des frais fixes, surtout à Toronto. Ce n’était tout simplement pas viable à l’époque » confie-t-elle.

Cette expérience lui a aussi appris l’importance de déléguer. Elle a embauché une étudiante en design pour l’aider à tenir la boutique.

« Quand on gère une marque et une boutique, comme beaucoup d’entrepreneurs, on doit apprendre à répartir les tâches, explique-t-elle. Ce que je lui paie pour gérer le magasin, je le récupère largement en temps et en énergie. »

Alternatives accessibles pour tester la vente physique :

• Louer un espace temporaire pour une boutique éphémère
• Occuper une étagère ou un petit espace dans une boutique existante
• Participer à des marchés de créateurs ou des salons professionnels
• Vendre dans des festivals ou événements culturels, avec un stand

Finalement, Sarah a fermé sa boutique permanente.

« Je n’aimais pas la gérer. Elle me tenait éloignée de ce que j’aimais vraiment : la création. »

Aujourd’hui, elle vend toujours en direct via son site, mais se concentre davantage sur la vente en gros.

14. Apprendre des professionnels

Sarah a tiré de nombreuses leçons de son passage dans l’émission Project Runway. Si elle reconnaît l’intérêt d’être réactive dans le monde de la mode, elle a aussi réalisé qu’elle était plus performante avec un peu plus de temps pour créer.

« Le rythme imposé ne me convenait pas du tout, dit-elle. C’est dommage que mon meilleur travail n’ait pas été diffusé à la télévision. »

Elle a aussi été confrontée à l’un des défis les plus difficiles pour tout créatif : accepter les critiques. Sarah a été éliminée lors du quatrième épisode, lorsque ses maillots de bain n’ont pas convaincu les juges.

La leçon qu’elle en a tirée : votre public n’est pas tout le monde. Heureusement, l’émission lui a aussi apporté une belle surprise : une vague de soutien de nouveaux fans.

« Cette expérience m’a appris que tout est une question de goût. Il y aura toujours quelqu’un pour aimer ce que vous faites. »

Créez votre propre ligne de vêtements

En lançant votre marque de mode dans un secteur aussi concurrentiel, n’oubliez jamais ce qui rend vos créations uniques — et ce que recherchent vos futurs clients. Le succès repose sur un modèle économique solide, une vision créative affirmée et une bonne compréhension des tendances de consommation et du marché.

Sarah Donofrio, comme tant d’autres entrepreneurs de la mode, a fait évoluer sa marque à force de passion, de travail et de prises de risque. Chaque erreur l’a guidée vers un nouveau virage, parfois audacieux, toujours instructif.

Et elle n’est pas seule : lors de nos échanges avec Prune, fondatrice de Les Petites Jupes de Prune, elle nous confiait avoir commencé ses premières collections dans un studio mansardé de 9 m² à Paris. Dix ans plus tard, elle a investi un showroom de 180 m² au cœur de la capitale. Comme quoi, tout commence souvent petit avant de prendre une belle ampleur.